Arts : pratiques et poétiques
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Équipe Théâtre

Observatoire des Mutations esthétiques : Les mutations des politiques de la culture

Sous la direction de Dominique Chrétien, Marion Denizot et Sophie Lucet

Observatoire des Mutations esthétiques

(musique, théâtre, cinéma, arts plastiques, littérature, communication)


À l’ère de grands bouleversements sociétaux, qu’ils soient technologique, économique, sociologique, politique, écologique ou sanitaire - et nous pouvons malheureusement rajouter à cette liste les bouleversements plus récents occasionnés par le retour de la guerre aux
frontières de l’Europe - la création est certainement un lieu d’où penser la crise et les mutations esthétiques qu’elle suscite ou impose.

De nombreux artistes interrogent ces pulsations sociétales, qui ont des conséquences esthétiques en induisant une autre crise, celle de l’ensemble des systèmes de représentations : que peut l’art face à ces bouleversements sociétaux et culturels ? Selon quelles formes ? Pour quels publics ? Pourrait-on repérer ensemble quelques lieux – convergents ou divergents selon les arts concernés – de ces mutations esthétiques ? En d’autres termes, comment repenser le lien fécond entre art et vie à l’ère des grands bouleversements mondiaux ? Et comment comparer les processus artistiques émergents en temps de crise, avec des terrains et des disciplines diversifiées, cinéma, musique, théâtre, mais aussi littérature et arts plastiques ? Comment mettre en commun nos expertises dans ces champs diversifiés des arts pour tenter, selon une analyse comparatiste, de mieux situer les incidences des crises que nous traversons sur les pratiques et les théories des arts ? Il revient peut-être à des Unités de Recherche en art de dialoguer ensemble pour analyser ces phénomènes et se faire les sismographes de ces transformations profondes.

Il s’agira donc ici de proposer un observatoire des mutations esthétiques contemporaines en lien avec leurs ancrages historiques ; de tenter de saisir les formes émergentes en les inscrivant dans un contexte, qu’il soit temporel ou sociétal ; de penser la création comme
rupture et devenir, car « la crise indique le devenir du système, et donc son historicité́, tout comme elle révèle sa continuité́ heurtée, non linéaire » (Anne Sauvagnargues, 2004)1. Mais aussi de comparer les méthodologies des chercheurs dans une perspective interdisciplinaire, quand les œuvres, désormais prises dans le mouvement, ne se laissent pas facilement appréhender et saisir par les voies classiques de l’analyse. C’est donc également à un regard réflexif que mène la notion de mutation, l’hypothèse des changements ayant une
incidence active sur le regard du chercheur et donc sur le renouvellement des perspectives épistémologiques dans le domaine de la création.

La mise en place d’un observatoire des mutations esthétiques permettra de mettre en exergue des approches interdisciplinaires dans le domaine des arts (cinéma, musique, théâtre, littérature, arts plastiques) mais aussi d’emprunter des outils d’analyse aux sciences de l’homme (histoire, sociologie, anthropologie, philosophie, communication, etc.) comme aux sciences dures (biologie).

Trois axes seront développés de 2022 à 2025 :

  • Observatoire des émergences terminologiques et esthétiques
  • Mutations esthétiques / mutations sociétales
  • Mutations esthétiques / mutations épistémologiques.16h45 > Pause

1Anne Sauvagnargues, «Devenir et histoire : la lecture de Foucault par Deleuze, in Concepts (8) Edition Sils Maria, mars 2004, p 64

Dans le cadre du séminaire semestriel « Observatoire des mutations esthétiques » de l’Unité de Recherche « Arts : pratiques et poétiques » (cinéma, théâtre, musique), co-dirigée par Antony Fiant et Sophie Lucet, et en partenariat avec l’Unité de Recherche « Pôle de Recherche Francophonies, Interculturel, Communication, Sociolinguistique (PREFICS), co-dirigée par Jean-Luc Bouillon et Anne-France Kogan se tiendra le vendredi 5 septembre 2025 à l’université Rennes 2 une journée consacrée aux mutations des politiques de la culture. Depuis la création du ministère des Affaires culturelles en 1959, les politiques publiques de la culture ont connu de nombreuses mutations liées à des changements de paradigmes : si l’idéal de la démocratisation a pu nourrir la création d’institutions culturelles désormais structurantes de notre paysage culturel, grâce à un maillage territorial dense et dynamique, celui-ci a pu se heurter aux réalités sociologiques et symboliques qui freinent l’élargissement de l’accès aux biens culturels. Alors que les enjeux de la démocratie culturelle ont mis l’accent sur la capacité créatrice de chaque
individu, la diffusion des logiques libérales puis ultra-libérales ont privilégié une approche individualiste des pratiques culturelles et une logique de la demande plus que de l’offre. L’inscription au cœur de la législation du principe du respect des droits culturels a introduit un nouveau paradigme dont se sont saisis les acteurs culturels. Le désengagement progressif des pouvoirs publics, qui s’est fortement accentué ces derniers mois, engage un nouveau questionnement qui a trait au maintien d’un modèle de politiques publiques hérité de la Révolution française, qui attribuait à l’art et à la culture une valeur citoyenne et émancipatrice.

11h > Accueil par Vincent Gouëset (Président de l’université), Baptiste Brun (Vice-Président Culture et Documentation), Sophie Lucet (co-directrice de l’unité de recherche « Arts : pratiques et poétiques ») et Marion Denizot (directrice de l’UFR Arts, Lettres et Communication).
11h30 > Conférence - Emmanuel Wallon (professeur émérite de sociologie politique à l’Université Paris-
Nanterre), "The winter of our discontent is coming. Changement d’ère ou de saison pour les politiques culturelles ?"
12h15 > Questions


12h30 > Pause déjeuner


13h30 > Conférence - Michel Simonot (homme de théâtre, écrivain, metteur en scène et sociologue de la
culture), "La langue retournée de la culture, la suite"
14h15 > Questions
14h30 > Table ronde "Les mutations de l’accompagnement public de l’art et de la culture"
avec Eli Commins (directeur du Lieu Unique, scène nationale de Nantes), Xavier Henry (directeur de Spectacle Vivant en Bretagne), Quentin Jagorel (directeur de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne/Ministère de la Culture), Anne-France Kogan (professeure en sciences de l’information et de la communication, Université Rennes 2), Jean-François Le Corre (producteur et dirigeant de la société Vivement
Lundi ! à Rennes), Sylvie Robert (sénatrice d’Ille-et-Vilaine, vice-présidente du Sénat).

Animation : Dominique Chrétien (responsable de Au bout du plongeoir, maître de conférences associé en études théâtrales, Université Rennes 2)


15h30 > Pause


15h45 > Table ronde "La remise en cause du rôle des artistes dans la société" avec Patricia Allio (auteure, metteure en scène, performeuse et réalisatrice), Laure Catherin (comédienne, autrice et metteuse en scène, directrice artistique de la compagnie LaDude), Simon Gauchet (acteur, metteur en scène, scénographe et plasticien), Chloé Maniscalo (comédienne, directrice artistique de L’Ernestine).

Animation : Sophie Lucet (professeure en études théâtrales, Université Rennes 2)
 


16h45 > Pause


17h > Table ronde "Le nouveau paradigme des politiques de la culture : les droits culturels en question" avec Émilie Bouillaguet (maîtresse de conférences en sciences l’information et de la communication, Université Rennes 2), Élise Calvez (directrice de l'ADEC-Maison du Théâtre  mateur à Rennes), Danielle Pailler (maîtresse de conférences-habilitée à diriger des recherches, Université de Nantes, directrice exécutive adjointe de la Fondation Ali Zaoua, Maroc). 

Animation : Marion Denizot (professeure en études théâtrales, Université Rennes 2)

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